Le petit lanceur Electron échoue à atteindre l'orbite à son 13è lancement

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
06 juillet 2020 à 18h56
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Electron semblait pourtant promise à une année record. © Rocket Lab
Electron semblait pourtant promise à une année record. © Rocket Lab

La fusée de Rocket Lab a décollé depuis la péninsule de Mahia (Nouvelle-Zélande) dans la soirée du 3 juillet, avec sept satellites. Après un problème critique lors de l'action du deuxième étage, ce 13ème lancement est un échec total.

L'entreprise promet de s'en sortir la tête haute.

Beaucoup de promesses

La hausse des cadences de vol aura-t-elle été fatale à ce 13ème décollage de la petite fusée Electron ? Trois semaines à peine après son dernier succès, Rocket Lab avait l'espoir de normaliser ce nouveau rythme post-confinement, après un printemps compliqué : les échanges interrompus entre Etats-Unis et Nouvelle-Zélande ont longtemps bloqué les vols.

Ce 4 juillet, Electron décollait avec un ensemble de sept petits satellites d'observation de la Terre, pour sa campagne nommée « Pics or it didn't happen' », reprenant avec humour un adage bien connu des internet.

Les neuf moteurs Rutherford ont rugi pile à l'heure pour un décollage à 23h19 (heure de Paris) ; le vol était diffusé en direct.

Un échec en vol

Après la séparation du premier étage, la mise en orbite devait intervenir grâce à l'utilisation d'un seul moteur Rutherford adapté au vide. Malheureusement, après environ quatre minutes de vol, un problème est survenu, peu de temps avant l'opération de changement de batteries « à chaud » pour le moteur.

Rutherford est un moteur assez unique, qui utilise des petits packs de batteries lithium-ion pour alimenter sa turbopompe. Deux des packs sont censés être éjectés au cours du vol, mais cette manœuvre n'a pu avoir lieu. La diffusion en direct a été stoppée après quelques minutes au cours desquelles il était devenu évident que le lancement avait mal tourné. Il n'aura fallu que quelques minutes d'attente avant une confirmation publique.

L'entreprise n'a pas donné les raisons exactes de cet échec pour le moment, mais une chose est certaine, Electron n'a jamais atteint la vitesse nécessaire pour arriver en orbite. L'ensemble, incluant le petit étage supérieur Curie et les sept satellites, s'est écrasé dans l'Océan Pacifique Sud.

Coup d'arrêt

C'est un coup dur pour Rocket Lab, dont les équipes travaillaient sur deux fronts différents, pour améliorer la cadence des vols mais aussi pour préparer la future récupération et réutilisation du premier étage d'Electron.

L'entreprise comptait inaugurer un deuxième pas de tir cet été, puis un troisième à la fin de l'année afin de répondre aux sollicitations de ses nombreux clients. C'est le deuxième échec pour Electron en 13 vols, mais le premier directement lié au lanceur (lors de leur tout premier lancement, un problème de liaison avec le sol avait activé la sauvegarde en vol et détruit la fusée). Par communiqué, mais aussi par la voix de son fondateur Peter Beck, l'entreprise a annoncé qu'elle prendrait le temps de résoudre le problème, pour revenir au plus vite aux opérations.

L'opérateur de satellites Planet, client le plus impacté avec cinq satellites SuperDove perdus sur cette campagne, a déclaré par la voix de Mike Safyan : « Bien que ce ne soit jamais le résultat que nous espérons, nous sommes préparés au risque d'échec d'un lancement […]. Nous sommes convaincus que Rocket Lab sera en mesure de rebondir très rapidement après cet échec, et nous sommes impatients de voler à nouveau sur la fusée Electron ».

Source : Space Flight

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Commentaires (6)

Element_n90
Bin oui, « 13 » fallait s’en douter…
redosk
C’est quand même mieux un article pondu par quelqu’un qui sait de quoi il parle, par rapport aux articles des sites de news classiques qui reprennent bêtement les dépêches AFP et parlent de «&nbsp;fusée perdue&nbsp;» et de «&nbsp;nous avons perdu le vol tard durant la mission&nbsp;» en faisant de la traduction mot à mot… Induisant dans les commentaires du gros n’importe quoi !<br /> =&gt; Merci Éric !
ebottlaender
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Labarthe
'L’ensemble s’est écrasé dans l’océan… "<br /> Donc cette fois-ci, paradoxalement, la sauvegarde ne se déclenche pas après la deviation de trajectoire (automatiquement sinon sur ordre sol) ?
ebottlaender
A vrai dire je ne sais pas si la sauvegarde a été automatiquement déclenchée ou non (dans les deux cas l’ensemble s’écrase dans l’océan). Une sauvegarde ne se justifie pas toujours, en fonction des risques encourus dans la trajectoire de retombée des débris.<br /> Par exemple dans le cas de Vega VV15 la sauvegarde n’a été activée manuellement qu’à quelques kilomètres du sol, ce qui a laissé le temps aux équipes de récupérer un maximum de données (et de détruire le tout y compris le très sensible satellite Falcon Eye).
mcbenny
«&nbsp;après un printemps compliqué&nbsp;». Pour la Nouvelle Zélande, c’était un automne compliqué.
ebottlaender
C’est pas faux, mais le référentiel temporel est celui de l’observateur et du lecteur. Il eut fallu préciser «&nbsp;automne austral&nbsp;» pour être encore plus dans le mille.
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